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Libération

SPECIAL GB. Liverpool à fond de cale. Chômage record et salaires en chute libre. La ville portuaire vit la précarité au quotidien.

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publié le 30 avril 1997 à 0h06

Liverpool envoyée spéciale.

«J'ai 34 ans. A 14 ans, j'ai rencontré mon futur mari. Enfin, mon ex-mari maintenant...» Kate hésite quelques secondes en cherchant des yeux un encouragement de l'assistance. Juchée sur l'estrade d'une salle paroissiale du centre ville, Kate raconte sa misère au quotidien, au cours d'une audition publique sur la pauvreté organisée par des associations de quartier. Elle élève seule ses trois enfants, avec 25 livres d'allocation hebdomadaire par gamin. Kate n'a pas de travail. «J'aimerais en trouver un. Pour la nourriture, on se débrouille. Mais les chaussures des petits, impossible de les acheter à crédit.» Kate n'est pourtant pas recensée comme demandeuse d'emploi à Liverpool, qui compte officiellement 30 000 chômeurs. Des chiffres officiels trompeurs. En mars, le taux officiel de chômage britannique a encore chuté pour atteindre 6,1% de la population active, soit 1,7 million de chômeurs, son niveau le plus bas depuis six ans et demi. A Liverpool, une des villes les plus pauvres d'Angleterre, le chômage atteint plus du double (12,9%) de la moyenne nationale. Mais il baisse dans les mêmes proportions depuis dix ans, aidé par un fort exode.

Les chiffres officiels sont toutefois trompeurs. Dans un rapport des églises britanniques sur «le chômage et l'avenir du travail» rendu public le mois dernier, le constat est sévère. «Les statistiques sous-estiment le nombre de gens sans emploi. Les chômeurs sont en fait 4,5 millions, plus du double des chiffres