Koné, Nouvelle-Calédonie. Envoyée spéciale
Un simple trait de fusain qui barre la route. Mais, très vite, l'horizon s'épaissit, se soulève. Soudain, on ne voit que lui. Posé sur l'herbe rousse, le Koniambo déploie son échine. Quelques pitons qui frôlent les 1 000 mètres d'altitude, des vallées où s'agrippent les cascades. Des pins colonnaires et des goyaviers. Et puis, dans les flancs du Koniambo, du minerai pour lequel des industriels s'affrontent à Paris, à 20 000 kilomètres de ce village de Koné, hésitante capitale de la province Nord indépendantiste. Koné, qui végète à l'ombre du massif, et où tous rêvent, un jour, de posséder leur usine.
Dans l'atelier, le vieil Indonésien a posé ses outils, heureux d'échapper à la routine de sa retraite et de remonter le fil de son histoire, enracinée dans celle du Koniambo. Il est né, en 1920, dans ce que les Européens, par facilité, appelaient «le village des Chinois». En fait, celui des Vietnamiens et des Indonésiens qui, dès la fin du siècle dernier, travaillaient à la mine. Ils avaient fui la misère pour trouver l'esclavage. A pied, ils gravissaient la montagne et, sans relâche, grattaient la terre. De la ligne de chemin de fer, construite pour transporter le minerai de nickel jusqu'à la mer, il ne reste qu'un mince bourrelet sur les parois du Koniambo, une cicatrice dans les mémoires. Une usine qui fait l'unanimité. Après la Seconde Guerre mondiale, la société le Nickel, qui possède une cinquantaine de concessions perpétuelles sur