Le message affiché sur les panneaux est, comme d'habitude,
laconique: «En raison de mouvements sociaux SNCF, seuls les trains ci-dessous devraient circuler», soit «un train sur trois en moyenne», traduit une employée SNCF lâchée avec d'autres au milieu de la foule des usagers pour calmer les dépressions. Il est 16 heures, Gare de Lyon à Paris, ce vendredi après-midi veille de Pentecôte: des gens assis sur des sacs, à même le sol, d'autres debout attendant leur tour au guichet pour poser toujours les mêmes questions: «Mon train n'existe plus, qu'est-ce que je fais? Il n'y a pas de train affiché pour ma destination, comment je m'y rends? Et si je me déroute, y aura-t-il une correspondance?» Ou encore: «Faut-il composter, changer les billets?» Tragi-comique. Dans un bocal au centre de la gare, trois guichetiers rivés devant des ordinateurs répètent le même mot d'ordre inlassablement: «Montez où vous voulez avec le billet que vous voulez. Quant au compostage, passez-vous en"» Parfois, la conversation prend des tours tragi-comiques: «Pour Berne, prenez le Lausaune et changez à Frasnes», suggère un agent. «Et de Frasnes, j'ai une correspondance à quelle heure?» «ça, vous ne le saurez que sur place, madame.» Train fantôme. Une femme qui attendait sa nièce à 15h10 s'inquiète: «ça fait quarante minutes que ce train aurait dû arriver, il n'y a toujours rien d'affiché.» Réponse au guichet: «Vous êtes sûre qu'il est parti?» La dame s'insurge: «La mère de la petite m'a téléphoné après