Evreux envoyé spéciale
«Elections, piège à cons.» «Mais c'est qui les cons, c'est nous ou les patrons?» Devant l'usine Valéo d'Evreux (Eure), deux ouvriers se renvoient cette rime sans trop savoir encore qui elle va désigner. Elle est cependant d'actualité. La perspective de voir arriver la gauche au pouvoir a sans doute pesé dans le déménagement précipité que la direction de l'équipementier automobile a tenté et raté dans la nuit de vendredi à samedi. Les syndicats de cette usine menacée de fermeture en sont convaincus. Comme ils étaient hier certains qu'il leur faudrait suivre attentivement le résultat définitif des élections législatives pour se préparer à une éventuelle nuit chaude. 80 gros bras. Ils sont arrivés vendredi soir vers minuit. En deux fournées. D'abord, la garde. Les gros bras: 80 vigiles selon les syndicats. Puis l'intendance. Les déménageurs: des techniciens et des cadres de l'entreprise. Dans cette zone industrielle désertée la nuit, le va-et-vient à l'usine Valéo aurait pu être ignoré de tout le monde si la CGT, prévenue par la bande d'une possible opération nocturne, n'avait appelé une quinzaine de salariés en renfort. «Montre-lui les gravillons», dit l'un d'eux en désignant les pierres de la taille d'un poing, qu'ils ont jetées vers 5 heures du matin sur les premiers camions qui emportaient les machines. Quelques échauffourées plus tard, chauffeurs, manutentionnaires et techniciens abandonnaient la partie. Les vigiles, eux, sont restés. «Il y en a a