«Français, bande de cons, ne brûlez plus nos camions.» Le mégaphone
et l'insulte sont dirigés vers le nord, vers Perpignan, vers la longue et patiente file de camions. Les agriculteurs espagnols ont bloqué vendredi, quelques heures durant, la frontière franco-espagnole de La Jonquera. A la hauteur de ce petit village catalan, un demi-millier de syndicalistes ont occupé les chaussées de l'autoroute et de la nationale, provoquant un bouchon monumental. L'objectif était de protester «pacifiquement mais fermement» contre les attaques répétées, ces dernières semaines, dans le sud de la France, de camions de fruits et légumes espagnols par des commandos d'agriculteurs français, mécontents de la concurrence. Une douzaine de camions ont été attaqués selon la Coag, un des principaux syndicats espagnols (de gauche), qui organisait la manifestation. «C'est une façon de dire basta (ça suffit), explique Miguel Lopez, coordinateur général de la Coag, de dire que nous ne tolérerons plus d'agressions de la part de cette bande de terroristes, cette humiliation qui se répète impunément d'année en année.» Chaque printemps, à la même époque, les produits frais espagnols, récoltés plus tôt pour des raisons climatiques, déboulent sur le marché avec une bonne longueur d'avance, et, du coup, s'imposent sur les rayons et les étalages.
Le «blocus» commence à 10h30. Venus de toute l'Espagne, mais surtout du sud du pays, Andalousie, Murcie, Valence, les manifestants occupent le bitume dans le calme, marq