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Libération
Interview

Travail. Jacques de Bandt (CNRS) analyse les effets de la sous-traitance: «Pris en ciseau entre deux patrons»

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publié le 9 juin 1997 à 3h59

Jacques de Bandt, directeur de recherche au CNRS, travaille depuis

de longues années sur l'économie industrielle. A ce titre, il s'est particulièrement intéressé aux services rendus aux entreprises Il dirige une revue d'économie industrielle. Et est l'auteur de nombreux ouvrages, dont la France malade du travail, la Descente aux enfers du travail. Il semble que les entreprises externalisent toujours plus certaines tâches qu'elles faisaient autrefois elles-mêmes" Je connais des entreprises où la moitié du personnel est «extérieur». Entre les stagiaires,les sous-traitants, les gens qui travaillent à leur compte et se mettent à disposition de l'entreprise, les sociétés de conseils, il y a une multiplicité de statuts et ce sans compter les temps partiels, CDD, intérimaires" Pour distinguer ces personnels à statut multiple, on a dû, dans certaines entreprises, leur attribuer des badges de couleurs différentes. Ces badges servent aussi à différencier ceux qui ont ou non droit d'accès à certains lieux de l'entreprise. Pourquoi cette tendance à l'externalisation?

Les entreprises invoquent d'abord la rationalisation. Elles disent éprouver la nécessité de se recentrer sur ce qu'elles font le mieux. Deuxième argument: la flexibilité. Les travailleurs sont une variable d'ajustement. Les entreprises cherchent par tous les moyens à se défausser de leur personnel. Le gérer, c'est embêtant. On ne peut pas licencier. Et on finit par en arriver à cette situation où le salarié a deux patrons