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Travail. Véronique, 24 ans, standardiste «externalisée»:«On m'interdit d'être trop sociable»

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publié le 9 juin 1997 à 3h59

Elle travaille dans une entreprise, est payée par une autre.

Véronique (24 ans, BTS de tourisme) appartient à cette catégorie de salariés qu'on appelle les externalisés, apparue depuis que les entreprises confient à des prestataires extérieurs une partie des services autrefois intégrés. Voici son récit.

Je suis ce qu'on appelle dans notre jargon une «fixe». Je travaille depuis un an et demi pour le même client, une grande entreprise de téléphonie, comme hôtesse d'accueil et standardiste. J'ai été placée sur ce site par une société de prestation de service qui emploie environ 200 hôtesses sur Paris, des fixes comme moi et des volantes, formées pour assurer des remplacements au pied levé. Ici nous sommes quatre, trois «externalisées» et une salariée. Je crois qu'ils l'ont maintenue en poste pour avoir quelqu'un en dépannage: taper une lettre, distribuer le courrier ou aller porter un message en main propre, choses que nous ne sommes pas censées faire.

En revanche, notre cahier des charges nous impose d'être de vraies professionnelles de l'accueil, pas de retards, pas de dérapages verbaux, des prises de message claires, une présentation impeccable et j'en passe. Au moindre écart, c'est la porte. Avant mon arrivée, 14 hôtesses s'étaient succédé en l'espace de deux ans. La salariée, elle, se la coule plus douce. Elle arrive systématiquement un quart d'heure en retard, prend des pauses à rallonge et nous fait sentir qu'elle est quelqu'un «du dedans». Un jour, je lui ai raconté qu'au