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Libération
Interview

«J'économise ma capacité à stresser»

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TRAVAIL. Marc, 28 ans, analyste financier chez un courtier:
publié le 23 juin 1997 à 4h53
(mis à jour le 23 juin 1997 à 4h53)

Il court, il court l'analyste financier. Marc travaille chez un courtier et n'est jamais aussi efficace que lorsqu'il gère dix demandes à la fois. Dans son métier, l'urgence est donnée comme naturelle. Son univers professionnel est peuplé d'écrans d'ordinateurs, de sonneries de téléphones, de gens qui l'interrompent à tout moment de la journée. «Dans mon métier, l'urgence est le nerf de la guerre. On me paye pour fournir de l'information financière, soit en direct aux traders qui travaillent autour de moi, soit au téléphone à nos clients, soit sous forme de notes de conjoncture. J'ai devant moi quatre écrans d'ordinateurs branchés sur toutes les Bourses du monde, deux combinés téléphoniques, quatre en cas de besoin, et des montagnes de papier, presse, fax. Je peux passer une heure sans un appel, et puis il suffit que le marché s'agite pour que les questions fusent des quatre coins de la salle et que les téléphones n'arrêtent plus de sonner. Dans ces moments-là, je me mue en véritable ordinateur de bord. J'enregistre les requêtes à mesure qu'elles m'arrivent, je les rentre dans un boîtier situé au-dessus de ma tête: j'évalue leur importance et je les stocke en décalant vers le haut de la pile les moins prioritaires. En même temps que j'effectue cette gymnastique, je vide le boîtier par le bas. Comme j'ai tout cet empilage au-dessus, je m'oblige à parler en compressé, je ne répète jamais, je donne l'information dans les grandes lignes en m'interdisant tout développement. Si