Argentan envoyée spéciale
Le vieux presse-purée, accroché par une ficelle à un panneau, attire du monde. «On n'en a plus besoin de ce genre de truc. Maintenant, la purée est en sachet», ironise un homme. «Ouais, on va en crever de leur modernité. Maintenant, on va sur Mars», lui répond un autre. Samedi, les salariés de Moulinex se sont retrouvés dans la grande salle des expositions d'Argentan, «pour se dire au revoir». Leur usine toute proche, la seconde du groupe, fondée en 1958, fermera définitivement ses portes le 11 juillet. Pierre Blayau, le PDG, avait annoncé, le 18 juin 1996, la suppression de 2 600 emplois en France et en Allemagne et la fermeture de deux sites, à Argentan (Orne, 262 salariés) et à Mamers (Sarthe, 402 salariés). Alors, cinq jours avant «la fin», pour «marquer le coup», la CFDT a imaginé une journée particulière: une exposition photo «Si Moulinex m'était conté», une tombola avec des produits Moulinex, un concert de Catherine Ribeiro pour les ouvrières. Des cartons d'invitation ont été distribués dans la ville aux Argentanais. Qui se sont déplacés. Le maire, François Doubin (ex-MRG), est venu. «Elles ont raison, les filles, de faire ça, même si c'est amer», remarque-t-il. Mais l'aspect festif de la chose n'a pas plu à tout le monde. La CGT a refusé de se joindre à l'initiative, jugée trop déplacée pour une fermeture. Des tracts hostiles ont circulé. «On s'est dit que c'était mieux que de défiler avec un cercueil. C'est déjà assez triste comme ça», plaid