Au Club Méditerranée, les Trigano ne veulent plus jouer les gardiens
du temple. Evincé de la direction par les actionnaires du groupe en février et remplacé par Philippe Bourguignon, Serge Trigano, le président du conseil de surveillance, et son père Gilbert, président d'honneur, ont donné leur démission aux administrateurs et à la nouvelle direction de la maison. Autant dire que la réunion du conseil de surveillance qui avait lieu hier en fin d'après-midi au siège du Club pour approuver les comptes semestriels s'est révélée particulièrement tendue. Une séance glaciale d'un peu plus d'une heure trente, où en quelques phrases sèches, Serge Trigano a expliqué que son père et lui n'entendaient plus jouer les potiches. Aucune réaction autour de la table, pas un hommage, pas un regret.
Exit la famille, la tribu et toute la caravane touristico-affective qui a fait le Club pendant plus de trente ans. Blessés d'être tenus à l'écart de l'entreprise qu'ils ont créée et développée, les Trigano ne veulent plus servir de caution morale pour un Club qu'ils reconnaissent de moins en moins. Du coup, la publication des mauvais résultats semestriels annoncés ce matin selon certaines sources, les pertes avoisineraient les 400 millions de francs sur les six premiers mois de l'exercice en cours, après une provision d'environ 600 millions s'inscrit dans ce contexte un rien dramatisé, où l'on comprend mieux l'extrême tension qui règne depuis cinq mois entre la nouvelle direction et les Trigano.