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Libération

Le statut bancal des porteurs de Roissy. Ils sont indépendants. Pourtant, une enquête estime qu'il s'agit de salariés déguisés.

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publié le 18 juillet 1997 à 5h54

Appelons le Paul. Depuis cinq ans, il travaille en «indépendant».

Une indépendance toute relative puisque pour pouvoir exercer son activité de porteur, Paul, comme ses 32 collègues, verse une «indemnité d'exploitation» à Air Portage, la société qui depuis 1990 détient l'exclusivité du transport de bagages de l'aéroport de Roissy" L'Urssaf vient de mettre son nez dans ce drôle de système qui permet à une entreprise de faire travailler des «indépendants» dans des conditions qui s'apparentent au salariat. Sans les «inconvénients», notamment les charges patronales. A la demande de l'Urssaf, les Caisses primaires d'assurance maladie (CPAM) ont enquêté. Leur conclusion est sans ambiguïté: les conditions du statut de salarié sont remplies, puisqu'il y a «lien de subordination directe entre les porteurs et Air Portage». Paul n'avait pas le choix: «C'est "t'es content, tu restes; t'es pas content, tu te casses». Comme ses collègues, il a été contraint à adopter ce statut avec l'obligation de verser à Air Portage 346 francs par jour pour «faire» les groupes et 150 francs pour les individuels. Paul empoche 15 francs par bagage particulier, et 10 francs quand il s'agit de groupes. Ses revenus mensuels sont aléatoires: entre 6 et 8 000 francs nets. Air Portage lui demande aussi de respecter un certain code: être bien rasé, ne porter ni cheveux longs ni boucles d'oreilles. Auquel s'ajoutent les exigences d'Aéroports de Paris (qui prélève 3% sur le chiffre d'affaire qu'Air Portage réalise