C'est le Martien le plus rock'n'roll de l'année. Il roule des essieux, le hardi, dans un chaos de vieux rocs de quelques milliards d'années. En avant sur sa piste de pionnier, conquérant de la nouvelle frontière rouge de poussière. Et ses contorsions ont beau se déclencher par-delà l'horizon, sur une scène (jusqu'alors) inconnue à 200 millions de kilomètres, rien de ce qui lui arrive ne nous est étranger: l'extraterrestre, du haut de ses 30 cm, fait sa star sur Internet. Depuis presque trois semaines que son épopée est entrée dans l'Histoire, plusieurs dizaines de millions de Terriens, soudain fans-internautes, font allégeance télématique à robot leur héros, sur les sites ad hoc (1). Et ils en ont pour leur écran: sa mission «officielle» ne devait durer que huit jours, elle pourrait s'allonger pendant des mois (lire pages VI et VII).
Si le petit robot mobile, baptisé Sojourner, du nom d'une Noire américaine qui s'est battue au XIXe contre l'esclavage, déchaîne quelque chose en cette fin de XXe, c'est la passion. Parce que, robot s'il en est, mobile à souhait mais pas plus effrayant qu'un jouet, il symbolise l'innovation. Il y a vingt et un ans, les sondes Viking déjà, s'étaient posées sur Mars et avaient pris mesures et photos. Lui a remis ça, et tout était calculé. Arrivée en grande pompe le 4 juillet, jour de fête nationale aux Etats-Unis. Chute spectaculaire en multiairbags (voir graphique pages II et III), parachute et rétrofusées, digne des meilleurs scénarios de «space