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Libération

Miracles économiques (3). Aujourd'hui, le Chili. Une réussite très privée. La pauvreté diminue, mais les inégalités persistent.

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publié le 20 août 1997 à 7h19

Santiago, correspondance.

Dix jours d'intempéries, au début de l'hiver austral, ont terni l'éclat de la «décade prodigieuse». Le jaguar chilien s'est enrhumé, victime de ses déficiences en infrastructures urbaines, d'une occupation anarchique des sols et de l'affairisme immobilier. Des centaines de familles ont constaté, avec indignation, que les murs et les toits de leurs logements sociaux, pourtant neufs, épongeaient généreusement la pluie" Tirant les leçons du déluge, qui a fait 50 000 sinistrés, le quotidien conservateur Las Ultimas Noticias a dû souvent reconnaître «l'existence de deux pays au Chili». L'opulence des uns, souvent tapageuse, souligne le dénuement, parfois extrême, des autres.

Après la pluie, les statistiques. Une enquête officielle, publiée en juillet, révèle que les revenus font le grand écart: 20% de la population s'approprient 57% de la richesse nationale, alors que les 20% les plus pauvres doivent se contenter de 3,9%. Rien de nouveau sous le soleil des Andes: la distribution des revenus reste aussi inéquitable qu'il y a dix ans. En revanche, le pourcentage de Chiliens vivant en dessous du seuil de pauvreté est passé de 45% de la population en 1987 à 23% aujourd'hui. Il y a donc moins d'indigents, mais sur un fond d'inégalités persistantes. Pour Christian Larroulet, ancien maire du cénacle d'économistes néo-libéraux qui conseillaient le régime militaire, ces résultats «démontrent que le modèle que nous avons mis en place est le seul à même de réduire