Kuala Lumpur envoyé spécial
Entrée dans la vie active il y a cinq ans, Link Foong Fah, Sino-Malaise de 27 ans, a déjà changé trois fois d'emploi. Elle envisage de quitter, cette année, son poste de comptable chez Shinetsu, une manufacture japonaise de composants informatiques, pour une autre entreprise. «Vous savez, avoue-t-elle sans complexes, en Malaisie, on gagne plus en changeant de travail.» Pour le moment, personne ne semble ressentir les conséquence de la crise monétaire qui balaie l'Asie du Sud-Est. Avec un taux de chômage de 2,5%, le pays connaît, de fait, le plein emploi. Du coup, des secteurs entiers de l'économie, services, construction, agriculture ou informatique, fonctionnent au ralenti, faute d'effectifs. La pénurie de main-d'oeuvre conduit aujourd'hui les patrons à s'arracher les salariés comme Link Foong Fah. «Toutes les entreprises recherchent des comptables. Si je veux, je trouve un nouveau poste en moins d'une semaine et avec un salaire supérieur. Je demande à voir le chef du personnel et je négocie», explique la jeune femme. Pour le moment, elle ne peut pas quitter Shinetsu, parce qu'elle doit rembourser l'emprunt que l'entreprise lui a octroyé l'année dernière pour acheter sa première voiture. Mais, dans trois mois, elle n'hésitera pas à consulter les suppléments emploi des journaux, gros comme des Bottin, ou à contacter une des nombreuses agences de placement à Kuala Lumpur.
Position de force. «Changer d'emploi est la première préoccupation des jeunes