New York de notre correspondant
Propulsé sur le devant de la scène syndicale américaine par la récente grève chez UPS, le président du syndicat des teamsters, Ron Carey, aura eu un succès de courte durée. Quatre jours après avoir déclaré une victoire face à l'entreprise de livraison express à l'issue d'une grève de deux semaines, son élection à la présidence du syndicat a été annulée par Barbara Quinel, la contrôleuse électorale chargée par les tribunaux de vérifier les conditions de son élection en novembre 1996. Ron Carey avait alors été élu face à James Hoffa avec 52% des voix contre 48%. Les faits qui lui sont reprochés portent sur la mise en place d'un système de fausses facturations, et des détournements de fonds réalisés au profit de son comité de soutien. Cette décision est doublement ironique. D'abord, elle a lieu à l'issue d'une plainte déposée par James Hoffa, le fils de l'ancien leader des teamsters, dont la carrière et les relations avec la Mafia sont précisément devenus le symbole de la corruption du syndicat (voir Libération du 22 août). Face à ce passé trouble, Ron Carey avait bâti l'essentiel de son succès sur la lutte contre la corruption dans une organisation gangrenée par des années de relations incestueuses avec la Mafia. Après sa première élection, Carey avait vendu les avions privés utilisés par ses prédécesseurs, supprimé les conférences organisées sous les tropiques, réduit son propre salaire annuel et imposé un style en rupture avec les pratiques d