Convaincues que, pour faire des économies, elles doivent se
cantonner au coeur de leur compétence, les entreprises «externalisent» à tout-va. Perrier, qui affiche 216 millions de francs de pertes en 1996, a décidé de se délester de tout ce qui n'est pas embouteillage sur son site de Vergèze (Gard). La restauration, le nettoyage et l'atelier bois seront ainsi confiés à des sociétés extérieures, qui récupéreront en prime le personnel attaché à ces fonctions. La direction de Perrier-Vittel-France prévoit 710 suppressions de postes, dont 330 «externalisations». Déboussolés, plusieurs centaines de salariés sont montés mercredi à Paris pour dire leur indignation face à un procédé qui, selon eux, se résume à refiler à d'autres l'encombrant bébé du licenciement.
«Notre beau statut, nos 35 heures et nos salaires, on les doit à trente ans de lutte», s'énerve Serge, entré à l'embouteillage à 17 ans. Trente-quatre ans plus tard, il travaille au nettoyage. A l'image de ses collègues, qui touchent autour de 8 500 francs net, il n'a aucune envie de changer d'employeur. «On va se retrouver dans des boîtes qui nous enverront nettoyer des mairies, des casinos, des arènes... Il faudra se déplacer dans tous les sens.» Joëlle, également au nettoyage, déborde de colère. «S'il faut se balader d'Arles à Montpellier en passant par Alès, merci bien! Chez Perrier, on a un car qui nous prend le matin et qui nous ramène le soir. Je ne veux même pas penser qu'il va me falloir acheter une voiture.» L'exte