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Libération

Le Bordeaux a soif de sols. Grisés par les ventes, les viticulteurs réclament le droit de planter.

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publié le 27 septembre 1997 à 8h07

Bordeaux, envoyé spécial.

«Aujourd'hui, les apports sont presque nuls. Les gars laissent faire le ciel!» Gilles Grenier, président de la coopérative de Rauzan (Entre-Deux-Mers, Gironde) balaye d'un large mouvement de bras les quais déserts de sa cave. Pas une benne en vue. Les vendanges semblent stoppées net. En fait, les viticulteurs profitent au maximum du remarquable ensoleillement d'arrière-saison qui concentre les qualités des raisins. Si le précoce cépage merlot est déjà en cave, le cabernet franc et le sémillon s'affinent lentement sur pied, le sauvignon se gorge de sucre et les cabernet et cabernet-sauvignon prennent de l'arôme. Un oeil sur les nuages par crainte d'un orage, l'autre sur les ceps pour scruter l'éventuelle apparition des maladies cryptogamiques, le Bordelais attend un «grand millésime avec des vins parfumés et des tanins souples». Depuis trois ans, le vignoble girondin a repris du poil de la bête. Oubliés le gel de 1991, les médiocres années 1992 et 1993 et même la timide reprise de 1994. La fin de siècle s'annonce bénie par de bonnes récoltes, par la hausse conjuguée du dollar et de la livre sterling et" par le «french paradox» qui attribue des vertus médicales au vin, notamment pour la prévention des maladies cardio-vasculaires ou cérébrales (Alzheimer). Les marchés traditionnels du bordeaux sont galvanisés (+27% au Japon pour les douze derniers mois, +17% sur la Grande-Bretagne, +12% sur les Etats-Unis"), tandis que les marchés «émergents» (asiati