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Libération
Interview

TRAVAIL. La ville toujours sous influence tayloriste. Pour Jean-Yves Boulin, la réflexion s'est arrêtée en France dans les années 70.

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publié le 29 septembre 1997 à 8h59

Jean-Yves Boulin, sociologue au CNRS (Iris-Paris Dauphine),

travaille sur la durée du travail et les questions d'organisation du temps.

De plus en plus de gens travaillent avec des horaires décalés et ont du mal à concilier vie professionnelle et vie privée. Pourquoi?

Depuis le début des années 80, le phénomène le plus marquant dans le domaine du temps de travail est la diversification des horaires travaillés: temps partiel, annualisation, travail du week-end, de nuit, du soir. Les Allemands ont récemment mis en évidence que seuls 17% d'entre eux continuaient à pratiquer des horaires dits standard. Plusieurs indices montrent une tendance similaire en France, notamment l'accroissement de l'irrégularité des horaires. Ce phénomène est renforcé par le mouvement d'individualisation qui, inexorablement, gagne du terrain dans nos sociétés. Le rétrécissement du noyau familial, la multiplication des familles monoparentales, contribuent à atomiser les comportements sociaux, autrefois plus homogènes. Les gens ont de plus en plus de mal à faire coïncider leur rythme de travail avec ceux de la société, des commerces, des crèches, des écoles.

Pourquoi cette inadéquation?

Le temps de travail a toujours opéré dans nos sociétés un rôle structurant. Il est le temps pivot autour duquel s'articulent les autres temps de la vie; loisirs, repos, famille. L'organisation taylorienne du travail, qui a prévalu durant longtemps, a contaminé le hors travail. Il a contribué à une homogénéisation des comporte