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Libération

Nike sur l'air du socialAccusée d'exploiter sa main-d'oeuvre, la marque riposte.

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publié le 6 octobre 1997 à 11h23

New York de notre correspondant

Face à Chanel, Hermès et au futur immeuble de Louis-Vuitton, les drapeaux noirs de Nike flottent sur Nike Town, l'un des derniers palais du luxe de la 57e avenue à New York. Le fronton est gravé des valeurs de la maison: «Honneur, Courage, Victoire, Travail d'équipe». L'architecture est calquée sur celle des établissements scolaires new-yorkais, et l'inscription «PS» (pour Public School) souligne que les kids sont ici chez eux, au même titre que les touristes japonais. Mais dans les allées de cette mégaboutique, ni les premiers ni les seconds ne semblent au fait de la dernière bataille menée par Nike. Enjeu: le sort de ceux qui cousent, pour la marque, des chaussures à des milliers de kilomètres de là, pour 2 dollars par jour.

Comme toutes les entreprises de confection, Nike sera visée par la campagne nationale lancée samedi par une centaines d'associations américaines contre l'exploitation de la main-d'oeuvre du tiers-monde. Cette campagne, d'une durée de trois mois, promet d'être l'une des plus importantes du genre. Mais, avec quelques autres marques (GAP, Reebok"), Nike a pris les devants. Depuis quelques mois, le groupe affirme haut et fort placer ces questions parmi ses premières préoccupations.

Pour Nike, c'est une petite révolution. Le groupe, dont la stratégie est tout entière basée sur la délocalisation, doit sa fortune à la main-d'oeuvre bon marché. Il y a une quinzaine d'années, il avait fait du port coréen de Pusan le centre mondial