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Libération
Interview

TRAVAIL. Madame Ledru, patronne de Radio-Courses:«Les 35 heures, ça me fait marrer»

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publié le 6 octobre 1997 à 11h24

Claude Ledru se fait appeler «Madame Ledru» dans le milieu des

coursiers. Elle est Pdgère de Radio-Courses, une des plus anciennes et des plus importantes sociétés de courses parisiennes. Elle emploie une centaine de coursiers et parle de l'engrenage des heures supplémentaires dans un secteur qui raisonne d'ailleurs de moins en moins en horaires de travail. Dans un secteur qui transforme peu à peu ses salariés en «indépendants», payés à la tâche.

«Les 35 heures ça me fait franchement marrer. Je suis Jospinmaniaque, mais là j'ai envie de lui dire qu'il arrête les cocktails mondains pour venir voir comment les gens travaillent dans la vraie vie. Prenons le secteur que je connais, celui des coursiers. A Paris, sur 644 entreprises répertoriées, nous devons être une vingtaine à avoir des plannings, des brigades, à faire en sorte que nos gars respectent des horaires, que le nombre d'heures qui figure sur leur fiche de paie soit bien le nombre d'heures qu'ils ont effectuées dans le mois, que leurs heures sup soient payées. Moi, quand je facture une course, je sais que j'ai déjà 1,20 franc qui part dans le paiement des heures sup. Donc je ne peux pas en abuser et je ne veux pas. Mes gars m'engueulent pour en faire plus. Tant pis. Je préfère les entendre gueuler plutôt que les récupérer à l'hôpital. J'ai déjà sur la conscience assez de genoux et de bras cassés. J'ai des coursiers qui ont 55 ans, j'ai pas envie de les laisser rouler douze heures d'affilée. Je flippe. Chez moi, les gars