Sale coup pour la Silicon Valley. Dur pour les technophiles. La
dernière star montante de la haute technologie américaine, champion nouveau des télécoms et possible futur empereur de l'Internet, vit dans un ranch du Mississippi. Il n'a pas de téléphone portable et préfère tondre sa pelouse plutôt que consulter son courrier électronique. Bernard «Bernie» Ebbers, 54 ans, patron de Worldcom, vient pourtant de lancer la plus grosse OPA de l'histoire financière américaine 30 milliards de dollars en offrant de fusionner avec MCI, le numéro deux des communications longue distances aux Etats-Unis (Libération du 2 octobre).
Judicieusement baptisé en couverture de Business Week cette semaine le «Telecom Cowboy», ce Canadien d'Alberta n'a pas le profil attendu. Il vient travailler en jeans et santiags, adore les bijoux turquoise, l'architecture adobe du Sud-Ouest américain, et c'est à Jackson (Mississippi) qu'il a bâti son empire, loin des terres soignées des pieds tendres de New York ou de la Silicon Valley. Son monde est celui des valeurs traditionnelles du Sud; il est membre de l'Eglise baptiste, enseigne le catéchisme le dimanche et on le dit adepte de l'organisation religieuse Promise Keepers, qui a rassemblé plusieurs centaines de milliers de personnes à Washington le week-end dernier.
Pas d'entourloupes, cet homme est un partisan du no-nonsense, comme disent les Américains. Sa conférence de presse la semaine dernière était un modèle du genre. Du genre, surtout, à donner des bou