Brigitte Moreira, 40 ans, travaille depuis vingt-trois ans aux Trois
Suisses pour 6 900 F par mois. Son mari Manu, 33 ans et douze ans de maison, gagne 5 200 F. Tous les deux sont à la CFDT. Tous les deux ont signé, en novembre 1995, l'accord d'annualisation: 37 h 30 payées 39 heures, et des semaines qui varient de 20 à 42 heures selon les besoins. Elle en profite, lui non.
Elle: «Je travaille comme opératrice à l'enregistrement. J'ouvre le courrier et je saisis les commandes sur l'ordinateur. Depuis que les horaires ont été annualisés, mes semaines de travail sont variables. Du moins sur le papier. En pratique, j'essaye de faire 8 heures-17 heures quel que soit l'horaire affiché. Quand, par exemple, je suis en semaine de 35 heures, je travaille quatre jours jusqu'à 17 heures et je pose un jour, plutôt que de faire cinq fois six heures de boulot.
J'ai la chance d'être dans un service où les gens s'arrangent entre eux. Les semaines de 42 heures, comme je ne tiens pas à finir après 17 heures ni à rabioter sur mon heure de repas, je fais un peu moins d'heures que prévu. On a la possibilité de respecter l'horaire hebdomadaire à plus ou moins deux heures. Les plus et les moins s'inscrivent sur un compteur qui peut fluctuer de plus 20 heures à moins 15 heures. Les grosses semaines, je débite mon compteur une heure ou deux. Les semaines basses, je le renfloue. Je préfère avoir de l'avance. J'ai toujours 13, 15 voire 17 heures de rab, comme ça, si je veux poser un jour en plus, je pe