L'euro aura son G11. Pas le «gouvernement économique» rêvé jadis par
Pierre Bérégovoy pour faire un contrepoids politique à la future banque centrale européenne (BCE), mais un groupe «informel» où les pays de la zone euro pourront discuter de la coordination de leurs politiques économiques. Réunis hier à Münster (Westphalie), les ministres des Finances français et allemand, Dominique Strauss-Kahn et Theo Waigel, sont enfin parvenus, sur ce sujet sensible, à un compromis qui ne heurte pas la sacro-sainte doctrine allemande de l'indépendance de la banque centrale, mais satisfait grosso modo la demande française de donner à la BCE un interlocuteur politique dont l'inflation ne sera pas le seul souci. La proposition de Paris et Bonn, qui sera soumise en novembre aux autres partenaires, prévoit qu'un groupe de coordination de la zone euro se réunira avant chaque conseil des ministres de l'Economie et des Finances (Ecofin) des Quinze. «Bien sûr, a commenté Strauss-Kahn, ce n'est qu'une instance informelle. Ce groupe sera un peu comme le G7», le forum des sept pays les plus industrialisés du monde. De quoi y parlera-t-on? Pour Theo Waigel, les grands argentiers des pays convertis à la monnaie unique pourront y échanger des informations sur leur situation économique, préparer les réunions du G7, se consulter sur les budgets et les calendriers budgétaires, sur la situation du marché de l'emploi, les réformes fiscales et l'évolution des coûts salariaux. Plus gourmand, Dominique Straus