Séoul, correspondance.
«Contrairement aux pays d'Asie du Sud-Est, le choc n'a pas encore eu lieu ici», expliquait il y a quelques jours un agent de change en bras de chemise dans l'une des tours de verre de Yoïdo, le Wall Street coréen: «On est dans cette période angoissante qui précède l'orage, on n'ose pas bouger, on espère que la foudre tombera plus loin.» L'orage a fini par éclater vendredi: la Bourse de Séoul a chuté de 5,5%, le plus fort recul sur une seule séance de toute l'histoire du marché sud-coréen.
Comme ailleurs, les investisseurs ont fui dans la panique. Il faut dire que ces derniers temps, plus personne ne croit au «modèle coréen». L'expression fait même ricaner dans le quartier de Yoïdo. Les valeurs dégringolent, le won chute, les conglomérats (chaebols) hyper endettés colmatent les fissures les plus voyantes, les banques accablées par les créances douteuses sont dans la panade.
Sueurs froides. Depuis l'été, les indices et les cours ont tous passé sous ces seuils que l'on dit symboliques et qui, lorsqu'ils s'affichent sur les tableaux lumineux, donnent des sueurs froides.
Sur le marché des changes le dollar a dépassé la barre des 900 wons au cours de l'été, malgré les efforts désespérés de la Banque de Corée pour soutenir la monnaie locale. Le 27 août, elle a lâché près de deux milliards de dollars en une seule journée, pour empêcher que le billet vert ne dépasse les 900 wons. En vain. Aujourd'hui la Corée manque cruellement de devises. Selon les recommanda