Menu
Libération

Bangkok, une capitale en banqueroute. Les faillites s'y comptent par milliers, des PDG se suicident, d'autres s'enfuient""

Article réservé aux abonnés
publié le 28 octobre 1997 à 10h00

Bangkok, de notre correspondant.

Accoudé au comptoir du Sugar Brown, un des bars de Lang Suan, le quartier branché des golden boys de Bangkok, Assada, la trentaine, vide sa bouteille de cognac. Endetté, déprimé, il se réfugie dans l'alcool. Finance One, la société financière pour laquelle il travaille, risque d'être mise d'un jour à l'autre en liquidation. Son salaire a été déjà réduit de moitié, passant de 60 000 à 30 000 bahts (10 000 à 5 000 F). Il n'a plus de quoi rembourser les mensualités de sa BMW, ni celles de l'appartement luxueux qu'il s'est offert l'année dernière. Bientôt, son banquier ordonnera la saisie de ses biens. «Pour nous, l'argent facile, c'est fini" Par contre, on est endettés jusqu'au cou», se lamente Assada. Et d'ajouter à mi-mots: «Certains de mes collègues pensent à se suicider.» Dans la capitale thaïlandaise, parmi ceux qui ont emprunté massivement, un nombre impressionnant se donne la mort. Il ne se passe pas une semaine sans que la presse locale n'évoque quelques suicides spectaculaires d'hommes d'affaires. Récemment, Sukit Chulanand, ancien gouverneur de la province de Nakhom Pathom, devenu promoteur immobilier, s'est tiré une balle dans la tête. Piti Sukasul, ancien diplomate reconverti dans le tourisme, a mis fin à ses jours de la même façon. Suchart Kiewtaem, responsable d'une annexe de la Siam Commercial Bank, s'est pendu dans son bureau" «L'augmentation du nombre de suicides parmi les cols blancs s'explique par les problèmes chroniques de