Carine, 28 ans, est hôtesse de restauration pour le compte de la
société Servair. Elle travaille depuis huit ans sur les TGV qui desservent le sud-est de la France.
«Tous les mois, on me donne un emploi du temps pour vingt-huit jours, sur lequel figurent mes horaires de prises de service, les numéros des trains sur lesquels je suis programmée, en bar ou en restauration, mes "découchés en province, mes jours de récup. Je suis payée 169 heures pour 156 de travail, c'est conventionnel. ça sonne comme un avantage, sauf que mon temps de travail réel avoisine plutôt les 200 heures par mois. «Dès que je pose le pied en province et que mon train de retour ne part que le lendemain, le compteur horaire s'arrête. Quelle que soit l'heure à laquelle je débarque. Quand je fais le Paris-Nice, départ de Paris à 7 heures, arrivée 13 heures, avec retour le lendemain par le train de 7 heures, mon travail finit très précisément dix minutes après l'arrivée du train pour reprendre vingt minutes avant le départ. L'après-midi et la nuit que je vais passer à attendre et à dormir sont considérés comme du loisir. Le loisir se résume à filer à l'hôtel prendre une douche, manger un morceau, faire une sieste et puis revenir à la gare attendre les agents qui arrivent par le 17 h 30 et le 22 heures, histoire d'aller dîner ensemble.
Célibat forcé. Au début, il y avait l'attrait de la nouveauté. Au bout de huit ans, ça m'emmerde. Mon Jules est à Paris, et moi, deux fois par semaine, je suis condamnée aux soiré