«Une simple baisse de 10,2% de la Bourse de São Paulo, et tout un
pays est au bord de la catastrophe.» Janis Batista, jeune cadre de la banque ITAU, est passé en un soir de la confiance à la certitude du désastre imminent. Comme la plupart des Brésiliens, il craint que la tornade financière qui a dévasté les pays asiatiques vienne à bout de l'Amérique du Sud.
Et pourtant, en début de semaine, le gouvernement lançait un «pacote» de mesures économiques pour réduire l'imposant déficit extérieur. Les autorités, qui retardaient ces ajustements douloureux, semblent profiter de la crise pour lancer toutes les réformes qui dormaient dans les tiroirs des ministères et du FMI. Pour économiser 110 milliards de francs, le gouvernement a établi 51 mesures drastiques. Au programme: la suppression de 33 000 postes de fonctionnaires et le gel des salaires, une baisse de 15% des dépenses publiques, l'augmentation des prix de l'essence, des boissons alcoolisées et des voitures. Et, surtout, une augmentation de 10% de l'impôt sur le revenu.
Pour éviter la panique générale, le président Fernando Henrique Cardoso s'est adressé à la nation: «Je crois que nous n'avons pas le droit à l'erreur, ni au doute, alors qu'au même moment d'autres pays, comme en Asie, ont dû dévaloriser de 40% leur monnaie et renouer ainsi avec l'inflation. Je sais que les mesures annoncées vont me rendre impopulaire, mais j'agis pour le Brésil et pour le peuple.»
Dans le milieu dirigeant, ces mesures ont été bien reçues. Il s'