«Avec le FMI à Séoul, nous allons perdre notre indépendance, on va
nous confisquer notre réussite économique», expliquait vendredi un étudiant de l'université nationale de Séoul, le Sciences-Po coréen, lors d'un débat improvisé. «Le prochain président sera obligé d'envoyer la liste de ses ministres au FMI avant de nommer son gouvernement, on va être considéré comme la Somalie. Il vont nous demander de réduire nos dépenses militaires, et la Corée du Nord sera satisfaite», poursuit-il. La population reste néanmoins très calme, même lorsque le won chute de 10% en moins de quinze minutes, comme jeudi matin. La presse y est pour beaucoup, n'évoquant pas la crise en première page. De façon particulièrement opportune, l'Agence de planification nationale, la CIA coréenne, a annoncé au plus fort de la tempête financière la découverte d'un réseau d'agents nord-coréens. Les espions, dirigés par un professeur d'université, préparaient la neutralisation du métro de Séoul. Les journaux, qui tous sont proches ou du gouvernement ou des conglomérats, en ont fait leur une. Les puissantes organisations familiales et religieuses ont soufflé dans le même sens, en lançant des campagnes civiques. L'une d'entre elles appelle les ménagères à vendre tous les dollars «oubliés» qui sommeillent dans les bas de laine. L'idée a fait recette auprès des états-majors politiques en pleine campagne présidentielle. Kim Dae-jung, candidat d'opposition, est allé échanger 3 000 dollars dans une banque devant les