Séoul, de notre correspondant.
Cela fera bientôt un an. Le 26 décembre 1996, le gouvernement sud-coréen faisait voter une réforme du code du travail en catimini, au petit matin, sans convoquer l'opposition. Cette loi adoptée en sept minutes par des parlementaires à la botte allait réveiller une colère populaire jamais vue au Pays du matin calme depuis celle qui renversa un président de la République, Syngman Rhee, en avril 1960.
La fameuse loi sur le travail, directement inspirée au gouvernement par la puissante Fédération des industries coréenne (le CNPF local), instaurait en Corée du Sud une véritable dictature du patronat: la suppression des libertés syndicales, l'autorisation de remplacer les grévistes par des «jaunes», la possibilité de licencier en masse pour toute entreprise en déficit (elles l'étaient déjà toutes) ou encore la flexibilité des horaires de travail en fonction des carnets de commandes. Des mesures économiquement très orthodoxes, dans la droite ligne de ce que les patrons des chaebols, ces conglomérats sud-coréens, demandaient depuis déjà deux ans pour pouvoir rester compétitifs face à la concurrence des pays émergents d'Asie du Sud-Est, tout en résistant à l'ouverture du marché coréen imposée par l'OMC.
A cette époque-là les responsables politiques et patronaux expliquaient déjà aux travailleurs sud-coréens qu'ils devaient se serrer la ceinture. Que le dogme de l'emploi à vie n'était plus tenable et qu'un effort collectif était indispensable pour sauvega