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Libération

Thaïlande: adieu whisky et Mercedes...La crise frappe une population qui vivait au- dessus de ses moyens.

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publié le 5 décembre 1997 à 15h13

Thawee Tatsuksuwan, prêteur sur gages de son état, contemple avec

satisfaction les objets de valeur remis en dépôt dans son magasin, situé à quelques pas de Klong Toey, le grand marché ouvert de Bangkok. Des centaines de bracelets en argent, en or, des boucles d'oreilles et des bagues serties de rubis ou de diamants, des Rolex, mais aussi des Caméscopes, des ordinateurs portables, des chaînes hi-fi" Le tout soigneusement entreposé dans une arrière-salle, à l'abri des regards indiscrets. Thawee Tatsuksuwan se frotte les mains. Car en ces temps de crise, le malheur des autres fait son bonheur. Soldes et promotions. Depuis le début de la dépréciation du baht, en juillet, qui a entraîné la Thaïlande dans une crise économique sans précédent, son chiffre d'affaires augmente, chaque mois, de 10%! Les propriétaires ont jusqu'à quatre mois pour récupérer leurs biens moyennant un taux d'intérêt de 4 à 10%. Au-delà de cette période de grâce, le prêteur sur gages refourgue les bijoux à son cousin qui est propriétaire d'une joaillerie à Yaowarat, le Chinatown de Bangkok, et les objets de consommation aux spécialistes de l'occasion. «Peu de gens reviendront. Ils n'ont plus d'argent. Les objets qu'ils déposent chez moi représentent leur dernier patrimoine», anticipe Thawee Tatsuksuwan. Avec la crise, la capitale thaïlandaise change de visage. Les prêteurs sur gages comme Thawee Tatsuksuwan sont plus que jamais incontournables dans le quotidien des classes moyennes de Bangkok. Les signes e