En 1995, la Piaggio, société qui a inventé la Vespa, est
convalescente. Une gamme entièrement renouvelée doit lui permettre de remonter la pente. Elle est présentée à quelques journalistes spécialisés. Pour leur faire l'article, un homme s'agite, grimpe sur les deux-roues, fait le tour du quartier. Le garçon est bronzé et jovial, hâbleur et dragueur, ses manches de chemise sont ouvertes. «C'est son truc, explique un porte-parole. Son oncle portait la chemise ainsi.» Ce détail est loin d'être la seule similitude. Jusqu'à leur nom, identique. Giovanni Agnelli devait succéder à Giovanni Agnelli à la tête de l'empire Fiat. La direction de Piaggio, filiale du groupe, n'était qu'un apprentissage qui devait amener Gianni junior aux commandes du premier groupe industriel privé italien. Après des études forcément brillantes aux Etats-Unis, à Paris et à Tokyo et quelques stages chez IBM et au Club Med, Giovanni Jr a regagné son Piémont natal pour enfourcher les Vespa. Il pose lui-même pour les photos publicitaires des nouveaux modèles, façon Gregory Peck dans Vacances romaines, mais c'est aussi un vrai gestionnaire, appliquant les méthodes apprises ailleurs. Qualité, flexibilité et flux tendus sont des notions extraterrestres chez Piaggio. Il les impose et ça marche. En deux ans, le bilan de l'entreprise redevient positif. Mais les médias ne retiennent que la façade. L'héritier passe des pages économiques aux rubriques people qui distillent ses amours. Comme ce jour de 1992 où il est