Genève, de notre correspondant.
Le slogan sur la banderole sonne comme un coup de poing: «United Bank of Switzerland, Une Belle $aloperie». Même si, en cette veille de Noël, les manifestants ne sont qu'une centaine à répondre à l'appel des syndicats genevois (45 000 adhérents) pour protester «contre la sauvagerie économique». Et contre la suppression de 13 000 emplois dans le secteur bancaire, conséquence de la mégafusion entre l'Union de banque suisse (UBS) et la Société de banque suisse (SBS). Malgré les masques noir et blanc prévus pour dissimuler les visages, les employés des banques ne se sont pas déplacés, sauf deux représentants syndicaux. L'un d'eux, Gérard Cuttat, vingt-sept ans à l'UBS, conseiller en placement pour la clientèle institutionnelle, explique: «Les employés de banque ont la peur au ventre. Peur de manifester. Peur d'être licencié par les banques. Nous savons que l'opinion publique sympathise avec nous, mais, en descendant dans la rue, chacun craint des représailles.» «Nous ne sommes pas dans un pays totalitaire, mais le fait même que les gens aient peur de défiler pour défendre leur emploi montre qui aujourd'hui détient réellement le pouvoir en Suisse. Nous vivons sous le règne du fric», note le député socialiste René Longuet. Rue du Rhône, la grande artère commerciale de Genève, le haut-parleur crache: «Noël à l'UBS, c'est les emplois qui pètent.» Des employés de banque observent. Deux d'entre eux hésitent à se joindre à la manifestation, et renoncent