A la suite de son licenciement, Gérard Guilvard, sa femme,
Christiane, ses deux filles de 26 et 30 ans et son gendre ont quitté Paris, direction le plus haut village d'Europe: Saint-Véran, dans le Queyras. Depuis, ils gèrent en famille un petit hôtel.
Gérard Guilvard: «J'ai 57 ans. Pendant trente-sept ans, j'ai travaillé au Comptoir des entrepreneurs, rue de la Paix. D'abord en tant que caissier, puis comme employé de bureau et informaticien. J'ai échappé au premier plan social. Lorsque le second s'est profilé, début 1993, nous avons commencé, à la maison, à réfléchir à ma sortie. Ma femme et ma fille aînée, Stéphanie, avaient une petite affaire de nettoyage qui vivotait plutôt difficilement. Ma seconde fille, Elodie, venait de redoubler son année de droit. J'avais peu de chances de retrouver un emploi. Au chômage, même indemnisé, je n'allais pas leur être d'un grand secours. Nous étions mûrs pour tout plaquer, mais l'idée n'est pas venue de moi.»
Christiane, l'épouse: «Ma fille Stéphanie a travaillé quelques années dans l'hôtellerie avant de venir m'épauler. Elle aime ce milieu. Elle disait toujours qu'elle y retournerait, qu'elle se sentait capable de gérer une affaire. Elle voyait ça plutôt vers sa cinquantaine à elle. Ma société déclinait. J'ai pensé que c'était le moment de chercher l'hôtel de ses vieux jours. Gérard allait se retrouver sans travail. Nous nous sommes mises en chasse et nous sommes tombées sur ce tout petit établissement d'une dizaine de chambres à Saint-V