Olivier Galland est sociologue à l'observatoire sociologique du
changement (Sciences-Po-CNRS). Il est l'auteur de Sociologie de la jeunesse. L'entrée dans la vie, paru chez A. Colin.
Le chômage, qui touche un jeune sur dix, a-t-il renforcé les solidarités familiales?
Sans aucun doute. Il a contribué, avec l'allongement de la durée des études, à instaurer un nouveau modèle de relations familiales. Les jeunes adultes vivent de plus en plus tard avec leurs parents. L'âge médian d'accès à l'emploi a été retardé de deux ans entre la génération de 1963 et celle de 1968. L'âge du départ a reculé d'autant, il s'effectue aujourd'hui autour de 23 ans, 24 ans. Les parents assument un rôle d'amortisseur des difficultés des jeunes et de soutien financier, moral, social. Cette fonction, ils la remplissent d'autant mieux qu'il n'y a plus véritablement de conflits de générations. Parents et enfants partagent grosso modo les même valeurs. L'autoritarisme a vécu.
Le chômage croissant a-t-il modifié les stratégies parentales en matière d'éducation?
La demande sociale d'éducation reste très forte, d'autant que le diplôme constitue un rempart contre le chômage. Mais cette stratégie est en partie contredite par la crise. Le diplôme se dévalorise, il ne conduit plus automatiquement à un emploi de cadre, du moins pour les diplômés du premier cycle universitaire. Les jeunes en sont conscients. Un tiers d'entre eux seulement estiment qu'ils vont réussir mieux que leurs parents, 41,9% pareil, 8,3% moins bi