«C'est formidable dans ce pays, on redécouvre les pauvres chaque
année à Noël!» Le haut fonctionnaire auteur de cette remarque ne cache pas son dépit. L'entourage du gouvernement de Lionel Jospin a vraiment l'impression d'avoir été attaqué par derrière par une poignée d'activistes. «Pas plus de quatorze sites et 200 personnes.» Et pour une cause qui ne dépend pas du gouvernement. Voyez la maison d'en face, dit-on en désignant l'Unedic et sa présidente, Nicole Notat. La réforme des fonds sociaux de l'assurance chômage est effectivement en dehors de la sphère de l'Etat. Mais la philosophie qui présidait à ce changement, «l'activation des dépenses», est partagée chez Martine Aubry.
Débat mort-né. De son côté la ministre de l'Emploi et de la Solidarité a, jusqu'à présent, beaucoup plus insisté sur le premier terme (le travail) que sur le second (la protection sociale). Très prise par les emplois-jeunes et les 35 heures, Martine Aubry a renvoyé à 1998 la plupart des dossiers touchant de près ou de loin à la loi sur l'exclusion, débat mort-né l'an dernier pour cause de dissolution, et qui doit resurgir au printemps. Qu'importe, puisque la priorité, c'est de redonner du travail aux sans-emploi. Le problème, c'est que les chômeurs de longue durée ont compris qu'ils ne profiteront ni des postes Aubry, ni des embauches dans les entreprises diminuant leurs horaires. Si ces gens ne retrouvent pas de travail, c'est bien parce qu'ils sont exclus du marché de l'emploi.
Situations d'urgence. L