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Libération

Vins français pour gosiers russes. Les nouvelles classes aisées raffolent des bonnes bouteilles.

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publié le 3 janvier 1998 à 17h40

Moscou, de notre correspondant.

A l'entracte des concerts de la salle Tchaïkovski, plutôt que d'aller au buffet, nombre de Moscovites descendent dans le hall et commandent au café français un croissant et un verre de vin. Le goût de la France est un et indivisible, et cette alliance inopinée du croissant sans café et du vin sans tartine dénote un formidable attrait et ouvre, un peu plus, la porte d'un marché qui peut être fabuleux. Le ministre russe de l'Economie estime actuellement à un milliard de litres par an (sans compter le contrebande) le marché du vin dans son pays.

L'éclatement de l'URSS a bouleversé les données. Avant, les vins venaient essentiellement de Géorgie et de Moldavie, aujourd'hui indépendantes; or la fermeture des frontières et les guerres dans le Caucase ont malmené ces productions et leur commerce. Et les ex-pays «frères» viticoles, comme la Hongrie, ont vite fait de se tourner vers l'Occident. Bref, pour les producteurs français, au milieu des années 90, le marché russe du vin était à conquérir, et certains ne se le sont pas fait dire deux fois.

«Ici, on a l'impression de se retrouver en Amérique à l'époque de la conquête de l'Ouest», explique Jean-Pierre Hermand. Ce cadre du marketing qui, passé la cinquantaine, s'était retrouvé au chômage en France, est parti en Russie il y a cinq ans pour une mission via la CEE et y est resté. Se souvenant qu'il était d'une famille de Bordelais, amoureux du vin de père en fils, il s'est lancé, il y a un an, dans la ve