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Libération
Interview

«Il n'est pas sûr que l'externalisation reste à la mode». L'expert Hervé Serieyx souligne les inconvénients de la méthode.

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publié le 5 janvier 1998 à 17h41

Hervé Serieyx est délégué interministériel à l'insertion des jeunes.

Il a réalisé l'an dernier, pour le Conseil économique et social, un rapport sur l'externalisation et ses incidences sur la nature et l'organisation du travail et de l'emploi.

Qu'est-ce qui pousse les entreprises à externaliser toujours plus?

L'externalisation consiste à ne garder en propre que ce qu'on sait faire le mieux, et à se séparer des activités que d'autres sont à même d'effectuer à moindre coût. Ce processus n'est pas nouveau ­ les géants de l'automobile confient déjà entre 70 et 80% de la valeur d'un véhicule à des sous-traitants ­ mais il s'accélère. Plus la concurrence fait rage, plus les entreprises externalisent des services que, jusque-là, elles considéraient normal d'assumer. Swissair a par exemple délocalisé son service de paie à Bombay, où les ingénieurs en informatique sont plus nombreux qu'aux Etats-Unis, et leurs salaires 23 fois moins élevés. L'aboutissement extrême de ce type d'évolution est le «modèle Nike», qui réunit dans ses bureaux d'études américains quelques centaines de salariés dont les activités sont purement tertiaires: design des modèles, marketing, ingénierie du système de production et de distribution, tandis que 30 000 personnes, non salariées de Nike, fabriquent les articles de sport.

Quelles incidences ce modèle d'organisation a-t-il sur l'emploi?

Plus les entreprises se recentrent sur leur métier, plus le nombre de leurs collaborateurs dotés d'un contrat à durée indéterm