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Libération
Interview

«Si la Chine dévalue, le monde tremblera». L'économiste Philippe Chalmin n'exclut pas le pire.

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publié le 8 janvier 1998 à 22h07

Philippe Chalmin, professeur à Dauphine et économiste de la Sfac

(Société française d'assurance crédit), avait, au début 1997, mis en garde contre le risque d'une crise asiatique. Aujourd'hui, il craint sa contagion à la Chine, qui se traduirait selon lui par une déflation mondiale.

La Chine est-elle à l'abri de la crise qui secoue l'Asie depuis six mois?

Pour l'instant, la crise a fait le tour de l'Asie en contournant un de ses pôles majeurs: la Chine. Mais l'incertitude qui pèse sur la Chine ne cesse de grandir. Il faut être conscient que l'une des causes de la crise se trouve justement en Chine: ce fut la dévaluation du yuan de près de 40% en 1994-1995. Il est clair que cette dévaluation avait amélioré les performances des exportations chinoises. Elles ont progressé de 25% en 1995 et encore de 24% sur les neuf premiers mois de 1997. Cette dévaluation chinoise s'est faite sur le dos de ses voisins et notamment ceux ayant une industrie à fort contenu en main d'oeuvre, comme la Thaïlande ou encore l'Indonésie.

Pendant combien de temps la Chine peut-elle résister à la contagion?

Personne n'a de réponse. Mais on peut déjà évoquer trois scénarios. Le premier est optimiste: c'est le scénario à la mexicaine, une crise rapidement jugulée. Au regard des événements, cela paraît de plus en plus improbable. Second scénario, celui d'une stagnation à la japonaise: depuis 1993, le Japon donne l'exemple d'un pays incapable de retrouver le chemin de la croissance. Lorsqu'on voit les difficultés