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Libération
Interview

Nicolas Baverez, économiste, met en garde: «Attention à la spirale déflationniste».

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publié le 13 janvier 1998 à 22h19

L'économiste Nicolas Baverez, séguiniste et néanmoins libéral, est

l'auteur des Trente Piteuses (Flammarion), dans lequel il dénonce la politique économique conduite depuis vingt ans. Il estime que la France est aujourd'hui en déflation, et juge que la situation de l'économie mondiale ressemble à celle des années 30.

L'économie française est-elle entrée en déflation, comme l'affirment certains?

Il faut d'abord rappeler ce qu'est la déflation: c'est la baisse cumulative des prix, de la production et de l'emploi. Aujourd'hui, si l'on enlève l'impact des hausses de taxes et de tarifs publics, on a en fait une baisse des prix en France. C'est particulièrement net dans certains secteurs comme les biens d'équipement où les prix baissent de 5 à 10% par an depuis plusieurs années. La production industrielle française, elle, est inférieure à ce qu'elle était en 1990. Enfin, on constate une explosion du chômage. Donc, on est bien dans cette dynamique cumulative de baisse des prix, de l'activité et de l'emploi. Nous sommes bien en déflation.

Mais les banques centrales européennes semblent toujours craindre un regain d'inflation. Pourquoi?

Les gens ne veulent pas voir ce qui est sous leurs yeux. Quand on essaie de comprendre la hausse des taux décidée en octobre en Europe, on s'aperçoit de l'ampleur du contresens. M. Tietmayer, gouverneur de la Bundesbank, et M. Trichet, gouverneur de la Banque de France, ressemblent un peu à ces soldats japonais perdus sur des îles qui, dix ans après la fin