Marc de Scitivaux est directeur des Cahiers verts de l'économie, un
mensuel de conjoncture. C'est un économiste libéral pur sucre, proche d'Alain Madelin. Très pessimiste pour l'année 1998, il ne croit pas du tout à la prévision d'une croissance de 3%, et estime que, hors emplois publics, le chômage va continuer à grimper.
Vous êtes, depuis plusieurs mois, extrêmement alarmiste. Pourquoi? Même sans la crise asiatique, la situation ne serait pas, pour l'Europe, aussi souriante qu'on le dit parfois. En France, depuis 1990, la croissance est inférieure de moitié à la moyenne de l'OCDE. L'année 1997 a été meilleure, mais l'activité reste très dépendante de l'environnement extérieur. En France, si vous comparez les neuf premiers mois de 1997 avec les neuf premiers mois de 1996, vous constatez que, si la croissance a été de 2,15%, c'est essentiellement grâce à la croissance des exportations (+ 1,33%). Celles de la consommation (+ 0,41%) et de l'investissement (+ 0,70%) restent médiocres, plus faibles encore qu'en 1995! Ce sont essentiellement les locomotives britannique et américaine qui nous ont tirés. Or, tout porte à croire que ces deux économies ralentiront en 1998: les Etats-Unis à cause de la hausse du dollar, et la Grande-Bretagne parce qu'elle va devoir refroidir sa machine, son inflation étant supérieure à celle de ses voisins.
La hausse du dollar ne va-t-elle pas aider l'Europe?
Si. Mais le dollar reste sous-évalué par rapport aux monnaies européennes. Tant que cette situat