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Libération

Un délégué CGT accuse Valeo d'avoir acheté son départ. L'entreprise d'Evreux conteste cette version des faits.

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publié le 15 janvier 1998 à 16h13

Les rumeurs «d'achat» de syndicalistes gênants sont légions. Il est

rare qu'on puisse prouver quoi que ce soit. Dans ce genre de pacte, patron et salarié ont intérêt au silence. La confession de Jean-Yves Delabarre dans Le Journal d'Evreux n'en a que plus de poids. A écouter cet ancien leader CGT et élu du comité d'entreprise de l'usine Valeo, la direction aurait payé son départ: «C'était en 1996, trois jours avant que je ne parte en congé d'été, le chef du personnel m'a donné 48 heures pour réfléchir à deux solutions (...). J'acceptais soit un chèque de 700 000 francs (en échange de sa démission), soit une somme de 550 000 francs et une embauche fictive de quatre mois dans une entreprise de la région parisienne. (...) Après les quatre mois, il était prévu que je serais licencié.» Jean-Yves Delabarre a choisi la seconde option. Pourquoi a-t-il craqué? La pression du poste de délégué syndical, tenu depuis 1981, le sentiment que le groupe Valeo avait Evreux dans le nez à cause de ses représentants, et puis la trouille: «J'étais sûr qu'ils me casseraient les reins si je refusais». Gilles Morin, qui prit sa succession à la tête de la CGT, en garde un goût amer: «Les rumeurs ont commencé à circuler après son départ. On a toujours nié, parce qu'on estimait tous Jean-Yves.»

Le scénario semble s'être déroulé comme prévu: Delabarre signe des lettres d'embauches pour une entreprise parisienne, où il dit n'avoir jamais mis les pieds. Puis il est licencié. Un cadre de Valeo lui aurait pré