Djakarta, envoyé spécial.
Sans doute usé par un pouvoir qu'il exerce depuis trente ans, le président indonésien, Suharto, aura été long à convaincre de la gravité de la crise financière et économique que traverse son pays. Voilà dix jours, il annonçait un budget pour l'année 1998 qui faisait presque abstraction des difficultés financières indonésiennes, dont la monnaie a perdu 60% de sa valeur en l'espace de six mois. Ce budget irréaliste entraîna les jours suivants la roupie indonésienne à son cours plancher historique de 10 000 pour 1 dollar, provoquant des paniques d'achats dans les grandes villes. Il aura fallu les interventions personnelles de plusieurs chefs d'Etat (notamment, le Premier ministre japonais, Ryutaro Hashimoto, et le président américain, Bill Clinton), l'entremise du G7, puis la venue mercredi à Djakarta du directeur exécutif du Fonds monétaire international (FMI), Michel Camdessus, pour obtenir un engagement ferme du vieux (76 ans) président: oui, il respectera les conditions du plan de sauvetage de l'économie indonésienne concocté par le FMI, d'un montant de 43 milliards de dollars.
Le général-président s'est résolu, hier, à signer un programme de réformes au goût amer, en direct à la télévision et en présence de Michel Camdessus. Le budget 1998 devra tabler sur une croissance zéro, assortie d'un taux d'inflation de 20%. Diverses subventions de l'Etat dans les domaines alimentaires et énergétiques devront être supprimées. Mais, surtout, les restructuratio