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Libération

Dur, dur de dégotter un patron. Les nominations à la tête d'Airbus et de Thomson-CSF sont toujours bloquées.

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publié le 17 janvier 1998 à 16h22

«C'est une histoire de cornecul», déclarait hier un ministre

français pour qualifier le rocambolesque blocage de la nomination de Noël Forgeard à la tête d'Airbus. Ce joli terme d'argot militaire est encore trop faible pour décrire l'ambiance qui règne depuis quelques jours dans le microcosme de l'aéronautique et de la défense. Deux nominations clés pour l'avenir de ce secteur en Europe ­ celles des patrons d'Airbus et de Thomson-CSF ­ sont aujourd'hui en rade pour des raisons qui mêlent légèreté, incompétence, et rivalités personnelles. Les deux cas sont très différents mais ils illustrent assez bien les travers du capitalisme français. Connue depuis le 5 décembre, la candidature de Noël Forgeard à la tête du grand rival de Boeing a buté jeudi, lors du conseil de surveillance du consortium, sur les «conditions» (salaire, moyens, prérogatives") offertes à ce transfuge du groupe Lagardère. Cela signifie donc que personne, ni la direction du groupe Aérospatiale qui représente la France au sein d'Airbus, ni le gouvernement Jospin, n'a trouvé le moyen, en l'espace de cinq semaines, de prendre Forgeard entre quatre yeux pour lui demander exactement ce qu'il voulait et en discuter avec les trois partenaires européens impliqués (l'allemand Dasa, le britannique British Aerospace, l'espagnol Casa)...Certes, les vacances de Noël ont perturbé le calendrier, le gouvernement est fatigué, Aérospatiale est un peu débordé par les changements en cours" Mais, symboliquement, ce dérapage tombe