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Libération

«A cause du FMI, ma soeur ne me parle plus». La Corée lance une campagne antiétrangers. Phobies et boycott.

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publié le 19 janvier 1998 à 16h27

Séoul, de notre correspondant.

«Excusez-moi, mais c'est à cause du FMI"» Voilà comment madame Park explique l'augmentation du prix de ses petites brochettes au poulet. Du jour au lendemain, la brochette est passée de 1 000 à 1 500 wons. Le FMI, inutile d'en dire plus, tout le monde comprend. Par un singulier raccourci depuis presque deux mois, les Coréens imputent tous leurs problèmes à l'organisme international. «A cause du FMI, le prix de l'essence a augmenté de 50%, je ne pourrai pas continuer très longtemps», explique Park Hyung-deuk, chauffeur de taxi à son compte, qui n'arrive plus à rembourser son emprunt. Pour s'installer, il avait emprunté une forte somme à sa soeur. Aujourd'hui, celle-ci n'ose pas lui réclamer l'argent car son mari n'est pas au courant. «A cause du FMI, ma soeur ne me parle plus"» «Si votre directeur vous convoque et commence à vous parler du FMI, vous pouvez être sûr qu'il va vous annoncer une diminution de votre salaire, ou la suppression de vos primes», raconte monsieur Ha, employé d'un important conglomérat. A en croire les témoignages, partout en Corée le FMI cause des fermetures, des départs en préretraite, des réductions de salaires, des augmentations de tarifs ou de taxes, mais aussi des divorces, des échecs scolaires, des drames familiaux, voire des suicides. Le FMI traîne ainsi une sale réputation, alors qu'il est en train de prêter presque 60 milliards de dollars au pays du Matin-Calme, un record.

Une cinquantaine de jours après l'appel