Djakarta, envoyé spécial.
L'économie indonésienne est en pleine débâcle. La roupie a de nouveau chuté hier à un taux plancher record de 11 800 pour 1 dollar, et de nombreux experts s'accordent à dresser un bilan alarmiste de la situation. «Cette nouvelle plongée n'est qu'un symptôme de la paralysie de l'ensemble de l'activité bancaire et industrielle du pays, explique un expert occidental, en mettant en cause «l'inaction et l'apathie» des autorités.
«On a bien du mal à comprendre pourquoi [le Président] Suharto ne réagit pas, dit un économiste, alors qu'à ce seuil, on pourrait assister dans les semaines qui viennent à des faillites de plusieurs grands groupes et à des émeutes populaires contre la hausse des prix.» Selon une étude indépendante, les produits de première nécessité ont augmenté, entre décembre 1996 et décembre 1997, de plus de moitié. Le riz, à lui seul, a augmenté de près de 40%, alors que les revenus des familles sont demeurés identiques en moyenne.
La question cruciale, à laquelle le plan de sauvetage de l'économie indonésienne concocté par le FMI (d'un montant de 43 milliards de dollars) n'apporte pas de solution, est d'évacuer le problème de la dette privée. Celle-ci se monte à environ 90 milliards de dollars, dont 35 à 50 milliards, selon certaines estimations fiables, sont à rembourser avant un an. Tâche impossible dans la situation actuelle, explique le même expert, puisqu'il y a un «moratoire de fait qui est général» depuis plusieurs semaines. «Plus aucun