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Libération

La peur du noir des Germanopratins. Ils craignent de voir leur quartier se dépeupler le soir.

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publié le 22 janvier 1998 à 16h43

Angoisses existentielles à Saint-Germain-des-Prés" Dans un quartier

longtemps considéré comme une des plus grandes surfaces culturelles au monde, l'arrivée d'Armani est vécue comme une page qui se tourne. Le couturier italien a déjà mis la pression en sponsorisant, à hauteur de 1 million de francs, la rénovation des vitraux de l'église Saint-Germain. Un geste difficile à suivre pour ses voisins, la brasserie Lipp, les cafés Le Flore et Les Deux Magots, qui ont versé chacun uniquement 15 000 francs. Bienfaiteur. Armani se positionne déjà comme une locomotive financière dans un quartier qui a perdu depuis longtemps de sa superbe. «Allez le soir sur la place Saint-Germain, il y a des pavés et des lampadaires qui manquent, on se croirait sur une place d'une ville des pays de l'Est», dit sans détour Michèle Aragon, antiquaire. Longtemps en délicatesse avec la Ville de Paris, qui voulait multiplier par quatre son loyer, Michèle Aragon fait parti de ces Germanopratins qui luttent depuis le début contre l'installation d'Armani, à l'angle du boulevard Saint-Germain et de la rue de Rennes.

Fin 1995, le quartier s'était ému du départ du Drugstore Publicis et de son remplacement par Armani. L'arrivée en masse sur le boulevard des boutiques de mode, menaçant les enseignes culturelles, a provoqué l'éclosion d'associations, dont «SOS Saint-Germain-des-Prés», présidé par Juliette Gréco, et «Saint-Germain: l'esprit du lieu», dirigé par Jean-Dominique Giuliani, directeur de cabinet du préside