New York, de notre correspondant.
Robert Rodriguez n'est pas rasé de trop près. Mais il a bonne allure et n'a ni les cernes ni l'air hagard qui trahissent les séquelles de nuits trop courtes. Hier, pourtant, il a fini sa journée de travail à deux heures du matin à la discothèque où (sous le nom de Bobby «B») il est DJ trois ou quatre soirs par semaine. Ce matin, il était debout à 6 heures dans son appartement du Queens pour préparer son fils Justin (9 ans) pour l'école, le conduire en classe, reprendre le métro en route pour le bureau, et y arriver essoufflé pointeuse oblige à 9 heures. Quarante heures par semaine, Robert travaille pour une agence de collecte de créances. De 9 heures à 17 heures, son métier consiste à tenter de convaincre au téléphone pour l'essentiel des entreprises débitrices de régler leur créanciers. Le travail est intense et les conversations avec ses interlocuteurs tendues. D'autant que, pour gagner plus que les 750 dollars hebdomadaires de salaire fixe garanti et toucher également une commission en pourcentage, il doit tout faire pour les convaincre de payer leurs dettes. De ce point de vue, Robert est un gagnant: le mois dernier, comme souvent, son nom est affiché au mur dans l'entrée, preuve qu'il a pulvérisé ses objectifs. «C'est pour ma commission que je me défonce», affirme-t-il.
«Le travail dans la discothèque, c'est autre chose», reconnaît-il. La musique et la danse et le rythme de la nuit sont sa vraie passion. Relâcher la pression accu