Michel Théry est chargé de mission au service des affaires sociales
du Commissariat général au plan. Il a collaboré au rapport Boissonnat sur le Travail dans vingt ans. Que vous inspire le développement de la pluriactivité?
C'est comme si l'emploi était coincé dans une période de transition entre un modèle qui ne fonctionne plus, celui du salariat à durée indéterminée, à temps complet, dans un métier donné, et un autre dont on ne perçoit pas encore clairement les contours. Le travail s'émiette, se précarise, se cumule. Le courant libéral préconise de laisser faire. Le CNPF suggère même d'assouplir encore la relation d'emploi, en réclamant des contrats de quelques heures en cas de besoin, pour faire face aux fameuses exigences de flexibilité. Mais si les salariés doivent effectivement apprendre à composer avec cette nouvelle donne, les entreprises aussi ont à le faire. Est-il normal qu'une caissière à mi-temps, soucieuse de compléter son salaire, doive supporter seule l'organisation de sa pluriactivité, s'arranger avec la loi, faire coïncider ses emplois du temps. Est-il normal que son ou ses employeurs s'en lavent les mains? Le salarié n'a pas à supporter seul le poids de la mutation du travail qui est en train de s'opérer.
N'est-ce pas justement sur ce terrain que se placent les groupements d'employeurs, les sociétés de portage, les associations prônant le temps partagé?
Certains oui, d'autres non. Prenons l'exemple de l'agriculture. Les exploitants agricoles ont de tous temps