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Libération

EMPLOI: MULTITRAVAIL. Les multitravailleurs de l'ombre. Le pluriemploi émerge en France. Temps partiel et précarité poussent au cumul des activités.

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publié le 26 janvier 1998 à 16h59

Un professeur de comptabilité à mi-temps qui, le week-end, fait de

la surveillance d'immeuble, un agent de nettoyage qui multiplie les chantiers et travaille pour trois employeurs, une infirmière au Smic, obligée de compléter son salaire en effectuant des gardes dans une autre clinique: l'équation «un emploi correspondant à un salaire décent» est en perte de vitesse. La pluriactivité forcée progresse en France. Aucune statistique ne le prouve. Car la plupart des cumulards «à défaut d'autre chose» s'ignorent et ne parlent pas, souvent par peur. Certains flirtent avec la loi en n'informant ni leurs employeurs ni le fisc. Et tous ne respectent pas les durées légales maximales du travail (10 heures par jour, 48 heures par semaine). Les doublonneurs de l'ombre, à l'inverse de ceux qui choisissent d'être multicartes et sont surtout des cadres (voir pages suivantes), se recrutent dans les rangs des temps partiels, des professions mal payées, pratiquées en horaires décalés, peu qualifiées. En France, 1 salarié sur 6 travaille à temps partiel, 85% sont des femmes, 80% des non-qualifiés. Le TP (temps partiel) est de plus en plus subi, de plus en plus aléatoire (moins de 800 heures par an en moyenne), de moins en moins rémunérateur. Selon l'Insee, plus de la moitié des TP touchent moins de 4 300 F par mois. Et le phénomène progresse toujours plus: des secteurs entiers utilisent désormais les petits contrats pour coller aux fluctuations de leur activité, couvrir leurs grosses amplitudes