Joëlle est d'abord vendeuse, puisqu'elle travaille 36 heures par
semaine chez un traiteur de son quartier. Mais elle est aussi secrétaire dans un bureau parisien, à raison de 20 heures par semaine. Comment concilie-t-elle ses deux vies professionnelles? «C'est en me baladant dans mon quartier que je suis tombée sur ce boulot de vendeuse. J'étais au chômage depuis près d'un an. Je ne trouvais rien. J'ai 50 ans, j'ai toujours occupé des postes de secrétaire, mais je ne suis pas du genre à me dire "ah non, ça c'est pas pour moi. Faire des extras chez un traiteur, pourquoi pas? Je savais que le boulot était payé au Smic horaire, que dans ce genre d'endroit, l'ambiance est plutôt disciplinaire, la station debout obligatoire comme le sourire, mais à défaut d'autre chose" J'ai commencé par travailler uniquement le samedi toute la journée et le dimanche matin. Je continuais bien sûr à chercher à côté. Au bout de quatre ou cinq mois, en mars dernier, une vendeuse est partie en congé parental et je l'ai remplacée. Je suis passée à 36 heures de boulot par semaine, trois jours pleins et deux demi-journées. Mais sur la fiche du paie, ça ne faisait encore que 4 000 F, et disons-le, durement gagnés. Ce n'est pas tellement le week-end que ça coince, il y a des extras, des étudiantes, on n'arrête pas, on ne voit pas le temps passer. Mais la semaine, il n'y a que le chef, l'autre vendeuse et moi, et toute la journée nous entendons des critiques: "Tu mets les torchons à tremper, il ne fallait